Il y a 2 points à prendre en compte dans la réflexion autour de la sangle : sa conception et son utilisation par le cavalier.
Sangle anatomique cheval : comment la choisir ?
Conception de la sangle anatomique : son design a une influence sur la locomotion du cheval, comme le montre une étude anglaise de 2013 (Girth pressure measurements reveal high peak pressures that can be avoided using an alternative girth design that also results in increased limb protraction and flexion in the swing phase). L’étude a montré une locomotion améliorée quand la sangle ne vient pas gêner le coude du cheval lors de son déplacement. C’est pourquoi il est important d’avoir une sangle bien découpée ou assez souple pour se déformer lors du recul du coude. C’est le de notre sangle en jute par exemple.
Dans cette étude, les chercheurs ont aussi remarqué, qu’à design et utilisation similaire, il n’y avait pas de différence de pression entre une sangle avec élastiques des deux côtés et sans élastique. Nous traiterons de ce point en détails plus loin dans l’article.
Le choix des matériaux est aussi important, les matières naturelles et souples sont un vrai avantage. Moins de risques d’allergies ou irritations. Pour notre gamme de sangle anatomique, nous avons choisi de travailler avec du cuir à tannage végétal et de la jute pour le corps des sangles. De la laine naturelle pour le matelassage et notre feutre mouton noir souple et doux pour le doublage (partie cheval).
Comment sangler un cheval convenablement ?
Utilisation de la sangle : le sangle doit permettre de stabiliser la selle, il y a 2 problématiques majeures le sous ou sur-sanglage.
Le sous-sanglage : pas assez serrée la sangle peut avoir plusieurs conséquences : la selle ne sera pas assez stable, elle peut tourner, avancer ou reculer.
« J’ai vu il y a quelques temps un cheval souffrant de problèmes respiratoires avec également une tendance aux ulcères. Le sanglage était donc très délicat. La cavalière sanglait très peu le cheval pensant l’aider mais la selle manquait de stabilité. La selle faisait un léger mouvement d’avant en arrière sur le dos, ce qui a induit une blessure à la longue. Si l’on n’est pas en capacité pour diverses raisons de fixer convenablement la selle sur le dos alors il vaut mieux ne pas monter le cheval et régler les problèmes initiaux au lieu d’en créer de nouveaux. »
Une sangle pas assez serrée peut aussi provoquer des irritations et blessures au passage de sangle. Nous avons fait un article : Blessure au passage de sangle : nos solutions et conseils techniques , qui vous explique tout cela en détails
Le sur-sanglage : Une sangle trop serrée va induire une surpression au niveau du passage de sangle. Ceci est souvent la cause de gonfles. Les gonfles molles au passage de sangle sont en fait de petits œdèmes sous cutanés (accumulation de lymphe sous la peau). On peut les comparer à une ampoule chez l’humain. Le sur-sanglage est plus difficile à repérer que le sous-sanglage, il arrive aussi souvent que la gêne remarquée au sanglage soit induite par d’autres facteurs qu’un trop fort serrage (mauvais design de la sangle, problèmes de santé du cheval, contracture musculaire…)
Ma méthode de sanglage :
Prenons l’exemple de ma jument fantaisie, elle est d’une très grande sensibilité. Je la monte avec la sangle confort mouton en jute. C’est d’ailleurs pour elle que j’ai développé ce produit à l’origine. Elle est sanglée au 4ième trou de chaque côté. Pour le sanglage je procède en 3 fois. Je mets 2 trous de chaque côté lors du sellage. Je marche en main jusqu’à la carrière, j’ajoute un trou de chaque côté. Je monte à l’aide d’un montoir pour pas déstabiliser la selle et tirer sur le dos à froid. Puis après quelques cercles au pas, je mets au 4 ième trou de chaque côté. Avec cette sangle souple et confortable et cette méthode la jument la jument n’a plus aucun signe de défense au sanglage et est plus déliée dans ses mouvements en début de travail.
Faut il choisir une sangle avec ou sans élastique ?
On l’a vu en préambule la présence ou non d’élastique n’a pas d’influence sur la pression qu’exerce la sangle. On note quand même que la présence d’élastique rendant le sanglage plus souple, il est plus facile de serrer qu’avec une sangle qui n’en possède pas. Pour autant faut il se passer des élastiques par peur d’une mauvaise utilisation ? Clairement la réponse est non, il suffit de faire attention au sanglage, observer les réactions du cheval, faire des essais avec différents niveaux de sanglages.
Pistes de réflexions à partir d’expériences et retours de terrain :
Attention à la qualité des élastiques :
"Les élastiques de sangle c’est comme les rubans électriques pour les clôtures, il en existe de diverses qualités. Quand ils sont neufs il est difficile de faire la différence mais à l’usage les performances techniques ne sont pas du tout les mêmes."
Sur les photos ci-dessus comparaison entre des élastiques de mauvaises qualités pris sur une sangle milieu de gamme et nos élastiques de qualités premium pour les sangles cavalier responsable. On remarque en premier lieu que les fibres élastiques dans la sangle milieu de gamme sont moins denses et moins robustes.
En ce qui concerne la conception on remarque que sur notre sanglon Cavalier Responsable on utilise 3 épaisseurs d’élastiques et que le sanglon est moins long. Sur la sangle milieu de gamme on est clairement dans une politique d’économie avec seulement 2 couches et un sanglon plus long. Ceci permet aussi d’avoir un corps de sangle plus court, donc des économies de matière.
Pour finir on voit que le sanglon milieu de gamme est gondolé, il a perdu sa capacité de rétractation.
On peut comprendre pourquoi certains cavaliers trouvent un manque de stabilité dans les sangles élastiques. Si les élastiques sont de mauvaises qualités effectivement ils n’ont aucune tenue et finissent complètement lâches.
Les sangles sans élastique apportent elles de la stabilité sur les chevaux où la selle a tendance à tourner ?
C’est un fait que rapporte pas mal de cavaliers et saddle fitter sur les chevaux ronds et notamment les poneys, les sangles sans élastique, permettent une meilleure stabilité de la selle. Si on regarde les sangles sans élastique les plus plébiscités : sangle en corde (coton, mohair…) sangle de marques anglaises avec des sanglons en cuir. On remarque que ces sangles ont une capacité d’étirement naturelle même pour le cuir, vous avez par exemple déjà remarqué que les contres sanglons de votre selle s’étirent au fil des années. Personnellement j’ai toujours réussi à sangler des chevaux ronds avec des sangles élastiques de bonne qualité et sans serrer de façon excessive.
Les sangles sans élastique sont elles intéressantes pour les chevaux manquant de tonicité ?
C’est un échange que j’ai eu avec une saddle fiteuse qui me parlait de l’intérêt des sangles sans élastique pour améliorer le gainage des chevaux laxes ou manquant de tonus musculaire. En effet la sangle permettant beaucoup moins de souplesse lors du travail les chevaux se sentent pris et auraient tendance à mieux se gainer. Cette anecdote m’a fait penser au test du surfaix que pratique les vétérinaires, les surfaix n’ont pas d’élastique et on remarque que lors du serrage du surfaix les chevaux non dorsalgique montent leur dos et leur locomotion se modifie.
Personnellement je suis contre cette utilisation de la sangle, le cheval doit être tonique sous la selle car il est prêt physiquement et que son éducation l’y amène progressivement. Les artifices ont toujours des conséquences à long terme.
Les sangles sans élastique sont elles moins faciles d’utilisation ?
Souhaitant me rendre compte de la différence d’une sangle avec ou sans élastique j’ai fabriqué une sangle anatomique feutre et cuir avec des sanglons rigides. J’ai monté ma jument Giva pendant plusieurs semaines avec. Je suis repassé à une sangle avec élastique car je trouvais le sanglage sans élastique trop contraignant. Je ne pouvais pas sangler correctement au trou numéro 4 je n’étais pas assez sanglé et au trou numéro 5 c’était vraiment trop serré. Il fallait vraiment forcer pour passer ce trou. Pour continuer à utiliser cette sangle il m’aurait fallu faire des trous intermédiaires dans les contres sanglons de la selle.
Chose que je n’ai pas faite, car je trouve que les chevaux qui pratiquent des activités sportives significatives sont plus confortables avec un sanglage qui leur laisse plus de liberté dans leurs mouvements.
Qu’elle stratégie pour les sangles Cavalier Responsable ?
Nous pouvons fabriquer les sangles avec ou sans élastique, en ce qui concerne les sangles sans élastique cela doit être murement réfléchis par le cavalier et pour nous cela doit rester pour des cas particuliers. Quand la selle est instable avant de changer de sangle il faut déjà vérifier la selle, le tapis, l’amortisseur, le cheval en lui-même (dysmétrie, obésité…)
Pour les sangles avec élastiques des deux côtés car cela permet un serrage symétrique, nous avons choisi de travailler avec des matériaux de qualité qui ont un réel effet élastique et qui dure dans le temps.
"L’objectif est d’avoir une souplesse lors du sanglage, que la selle reste stable et que les élastiques apportent du confort lorsque le cheval fournit des efforts physiques."
Il faut toujours garder à l’esprit que le matériel doit être utilisé en connaissance de cause et pas comme un artifice. Il faut toujours approcher les problématiques équestres de façon globale.
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