Muscler le dos de son cheval est essentiel pour pratiquer une équitation juste et responsable. Travailler le dos de son cheval doit faire partie de la routine du cavalier. Dans cet article retrouvez entre autres des exercices pour muscler le dos du cheval
Le dos du cheval est un organe clé de la biomécanique équine, c’est un véritable pont vertébral horizontal, tendu entre les antérieurs et les postérieurs qui supporte le poids du cavalier. Les chaînes musculaires associées participent à sa souplesse et à la propulsion du cheval. Dans cet article nous vous présentons les différents facteurs influençant la qualité de mobilité, d’équilibre et de rassembler du dos du cheval.
Cet article a été co-écrit avec le docteur vétérinaire Elia Gorce
Cavalière depuis toujours et surtout passionnée par le monde du cheval, elle a choisi les études vétérinaires pour vivre de cette passion. Diplômée de l’Université de Liège (Belgique), orientée plus spécifiquement dans l’espèce équine, elle poursuit aujourd’hui sa formation en ostéopathie à l’Ecole Nationale Vétérinaire de Nantes. Elle développe une approche préventive basée sur la connaissance de la biomécanique du cheval, l'utilisation d'un matériel et d'un entrainement adapté. “ Ce n’est pas au dos que le cheval a mal, c’est sur le dos…” A l'origine du projet GO PERF & VET, elle organise des stages en collaboration étroite entraîneur/vétérinaire pour sensibiliser les cavaliers à la biomécanique du cheval et faire le lien entre la pratique équestre et la santé du cheval (plus d'informations en fin d'article).
Plan de l'article
Connaître l’anatomie, pour muscler le dos de son cheval efficacement
Anatomie et fonctionnement du dos du cheval
Approche Structurelle : le dos un organe clé de la biomécanique équine
Anatomiquement parlant, le dos est une partie de la colonne vertébrale constituée de 18 vertèbres dorsales ou thoraciques (T) sur laquelle viennent s’ancrer des chaînes musculo-squelettiques. En avant, il y a les vertèbres cervicales (C) au nombre de 7 et en arrière il se prolonge par les vertèbres lombaires (L) au nombre de 6 puis sacrales (S) et enfin caudales (queue).
Le garrot (14) commence à la quatrième vertèbre thoracique. Ces vertèbres présentent des processus épineux très hauts qui peuvent dépasser 30 cm de longueur. Le garrot fait donc partie du dos anatomiquement mais est souvent dissocié dans le langage équestre du dos “où l’on place la selle” (24). En revanche, les vertèbres lombaires, vulgarisées en termes de “reins” (25) car ces organes sont présents en dessous de cette voûte lombaire ne font pas partie du dos anatomique. Le dos dans le langage équestre est souvent décrit par la zone de surface en contact avec la selle ou avec le cavalier. Cette zone s’étend de T8 juste derrière le garrot à T18, dernière vertèbre avant la partie lombaire ou “les reins”.
Cette colonne vertébrale est un pont tendu entre les antérieurs et les postérieurs qui supporte le poids du cavalier. Les chaînes musculaires associées participent à sa souplesse et à la propulsion. La suspension du pont se fait uniquement par des sangles musculaires (M. dentelé du cou et du thorax + M. pectoraux) entre les membres antérieurs, et par l’articulation sacro-iliaque entre les membres postérieurs. On comprend l'intérêt de protéger les parties favorisant cette suspension du dos (garrot, jonction lombaire, articulation sacro-iliaque…). Le cheval rencontre plus de difficultés à porter son cavalier avec aisance si ses piliers de suspension sont fragilisés.
Le dos, où le cavalier s’assoit est donc constitué de façon simplifiée de vertèbres thoraciques articulées entre elles par des ligaments et d’un gros muscle volumineux extenseur : la masse commune ou muscle erector spinae recouvert d’un fascia thoraco-lombaire. Le dos capte dans cette région musculaire les résistances motrices et psychiques. Lors de tensions répétées, de stress, de fatigue… Des gestes sportifs deviennent traumatisants et l’on peut voir apparaître des pathologies. Les muscles extenseurs au-dessus de la colonne vertébrale commande la résistance/le refus tandis que les muscles fléchisseurs au-dessous de la colonne vertébrale favorisent la cession/décontraction.
Approche Fonctionnelle : le rôle du dos au sein de l’appareil locomoteur
Pour mieux comprendre cette partie voici la définition quelques notions employées :
Contraction concentrique : contraction musculaire s'accompagnant d'un raccourcissement du muscle induisant une propulsion
Contraction excentrique : contraction musculaire s'accompagnant d'un allongement du muscle qui freine, amortit un mouvement
Contraction isométrique : le muscle ne bouge pas, il n'y a pas de déplacement articulaire, on est dans une situation de stabilisation ou gainage
La suspension du tronc se fait uniquement par des sangles musculaires (M. dentelé du cou et du thorax + M. pectoraux) entre les membres antérieurs.
➥ le travail et développement de ces muscles sont capitaux en sport car leur puissance assure la légèreté de l’avant main dans les allures
➥ leur contraction concentrique assure l’élévation de l’avant main devant l’obstacle
➥ leur contraction excentrique contrôle la descente du tronc à la réception et diminuent les contraintes sur les membres à l’amortissement
Les mouvements flexion/extension du dos de façon simplifiée s’organisent horizontalement :
Les muscles au dessus de la colonne : muscles extenseurs
Les muscles en dessous de la colonne : muscles fléchisseurs
Les mouvements de latéro-flexion du tronc = incurvation se fait par la contraction concentrique unilatérale (d’un seul côté) des muscles fléchisseurs ou extenseurs.
La latéro-flexion/rotation du dos se fait surtout entre T9 et T14. (une gouttière de selle pas assez profonde et large peut avoir des conséquences néfastes)
Combien de temps pour muscler un cheval
C'est une question que se pose pas mal de cavaliers et à laquelle nous apportons des pistes de réflexions
Prendre en compte les dispositions physique du cheval
L’erreur classique est de vouloir préparer musculairement un cheval sans prendre en considération ces dispositions biomécaniques. Le planning des activités sportives équestres n’est pas toujours en adéquation avec l'avancée individualisée du travail de chaque cheval et notamment chez le jeune cheval. Lutter contre l’instinct du cheval à favoriser l’extension de dos (dos qui se creuse) plutôt que la flexion par le travail vers le bas, introduire l’action des propulseurs progressivement et enfin trouver le point d’équilibre demande 2 ou 3 ans de travail. Il faut donc pour chaque cheval fixer des objectifs annuels cohérents.
Donner du temps au cheval pour éviter les pathologies liées à l'entraînement
A titre d'exemple le développement de l’engagement des postérieurs dans le travail au trot et au galop peut prendre plusieurs mois. Pour se faire , il est nécessaire de faire participer la sangle abdominale, ce qui demande un effort intense parfois associée à des psoites (inflammation des muscles psoas). Il est donc important de prendre son temps.
Les pathologies sont souvent liées à l’absence d’écoute du cavalier. Les contractures, raideurs, les courbatures d’effort sont souvent minimisées et par accumulation débouchent sur des pathologies lourdes.
Beaucoup de chevaux travaillent dans l’inconfort car le cavalier ne cherche pas la cadence appropriée à leur conformation et à leur tempérament.
Quel exercice pour muscler le dos de son cheval ?
Le travail du dos du cheval par la descente d’encolure
La descente d’encolure est la clé pour développer la musculature du dos de son cheval. Avant de présenter les exercices et méthodes pour obtenir la descente d’encolure, nous allons vous expliquer le mécanisme de cette posture et son influence sur le corps du cheval.
On parle souvent d’extension d’encolure mais c’est un terme erroné. On trouve en fonction des auteurs les termes d’abaissement, de descente ou encore allongement d’encolure. Ce mouvement n’est PAS une extension mais bien une flexion d’encolure car il y a flexion des cervicales basses.
Effet de la descente d’encolure sur le dos du cheval
La descente d’encolure amène les mouvements suivants (voir schéma ci-dessus) :
A. Abaissement de l’encolure
B. Traction vers l’avant des processus épineux du garrot via le ligament nuchal
C. Induit une flexion thoracique
→ La flexion thoracique se fait surtout entre la 6ème et 10ème vertèbre = sous la selle, facilite le port du poids du cavalier, position antalgique lors de conflits de processus épineux.
D. Responsable d’un étirement des muscles dorsaux (masse commune du dos) + mise sous tension du ligament supra- épineux
→ Les muscles du dos travaillent alors en élongation = augmentation de l’efficacité de la contraction musculaire
En résumé, la descente permet au cheval de mieux porter le cavalier, étire les muscles dorsaux et a des vertus antalgiques c’est donc une posture à pratiquer au cours de chaque séance de travail.
Quels intérêts de l’engagement des postérieurs lors de la descente d’encolure ?
L’engagement des postérieurs durant la descente d’encolure augmente la flexion thoraco-lombaire, donc, les points A, B, C, D sont encore plus marqués et augmentent d’intensité
Lors de la descente d’encolure, le ligament supra épineux verrouille la région lombaire (inextensible sur son insertion). Pour engager ses postérieurs, le cheval doit donc lutter contre cette tension ce qui permet le développement des muscles abdominaux (M. droit et oblique + iliaque et psoas)
Effet de la descente d’encolure sur l’avant main :
1) Déplacement du centre de gravité du cheval vers l’avant
La descente d'encolure induit une surcharge de l'avant main, ce qui permet le développement des sangles musculaires de suspension du tronc (M. dentelé et pectoraux).
On obtiendra donc un meilleur soutien est plus de légèreté de l'avant main dès que l’encolure sera ramenée dans une attitude naturelle.
ATTENTION pour les chevaux sujets aux tendinites, le travail encolure basse sera non intensif car il induit une contrainte sur les membres antérieurs.
2) Éloignement du centre de gravité de la masse tête-encolure
Le déplacement du poids de la tête du cheval vers le bas fait varier la place du centre de gravité de la masse "tête encolure". Par exemple si le bout du nez est au niveau de la pointe de l'épaule, le centre de gravité de l'ensemble tête encolure se situe a peu près au milieu de l'encolure. Mais si le bout du nez au niveau des genoux, alors le centre de gravité se déplace vers l'avant de l'encolure, vers la nuque.
Ce déplacement et cet abaissement favorise le gainage des muscles cervicaux dorsaux et augmente l’efficacité de la contraction musculaire (sans contracture) des muscles releveurs du balancier tête-encolure et élévateurs de la base de l’encolure
Ceci a un intérêt majeur en obstacle, car ces muscles réalisent l’extension violente de l’encolure et l’élévation de l’avant main à l’appel juste après la battue des antérieurs.
3) Flexion de la colonne cervicale
La descente d'encolure permet également l'ouverture des foramens (trous) entre 2 vertèbres cervicales successives laissant passer les nerfs. Ceci a pour effet la diminution des douleurs de pincements ou irritations nerveuses (raideurs vertébrales, boiteries...)
Effet sur l’arrière main
L'abaissement d’encolure induit une diminution de la mobilité lombaire (ligament supra épineux mis en tension)
1. ce « blocage » augmente le travail des muscles de la flexion lombaire M. abdominaux + psoas (plus les muscles travaillent plus ils se développent)
2. ce « blocage » est aussi compensé par une flexion accrue sur l’articulation lombo-sacrée et hanche du cheval :
→ assouplissement lombo-sacral + basculement du bassin vers le bas
→ masse commune du dos + muscles fessiers + muscles fémoraux caudaux travaillent en étirement maximal : Ce sont les muscles les plus actifs dans la propulsion !
Faut-il mettre un enrênement pour muscler le dos du cheval ?
Nous l’avons vu dans la partie précédente la descente d’encolure a de multiples vertus pour la musculation et l’amélioration de la locomotion de son cheval. Par ailleurs, pour les cavaliers peu expérimentés, il n'est pas toujours aisé d’obtenir ce mouvement. Se pose alors la question d’utiliser un enrênement pour faciliter la descente d’encolure.
Il existe des dizaines d'enrênements plus ou moins complexes à utiliser à la longe et ou monté. Le principe d’un enrênement est presque toujours le même : limiter certains mouvements et attitudes du cheval pour induire une posture favorable à la musculation du dos par exemple. Sur le papier cela peut sembler séduisant mais dans la pratique l’utilisation d’enrênement pour muscler le dos du cheval a souvent un impact négatif sur le physique et le mental du cheval.
Dans la grande majorité des cas, l'enrênnement va mettre le cheval dans une attitude forcée qui sera souvent accompagnée de contractions, précipitations de l’allure ou au contraire désengagement des postérieurs. Avec ce genre de pratique on peut induire des postures ou compensations néfastes à la locomotion du cheval. On est très loin d’un travail dans la justesse, l’équilibre et l’impulsion.
Pour la construction d’une musculature de dos harmonieuse nous vous conseillons de travailler votre cheval sans enrênnement, cela demande une meilleure connaissance de la biomécanique, un apprentissage plus long pour le cheval mais les résultats seront durables et préserveront la santé physique et mentale du cheval.
Muscler le dos de son cheval en longe
C’est par le travail à pied et plus généralement à la longe que débute l’éducation du cheval. C’est un exercice qui ne doit pas être réservé à la phase de débourrage ou au défoulement du cheval. Le travail à la longe est très intéressant pour la musculation du dos du cheval, il lui permet d’évoluer sans la contrainte du poids du cavalier. Pour les chevaux manquant de musculature ou les chevaux avec des soucis de dos avérés, nous vous conseillons de débuter vos séances de travail par 10-15 min de longe sans selle pour que le cheval puisse s’échauffer sans contrainte avant le travail monté.
Poser les bases de la descente à la longe est une très bonne chose. Par la suite, le cheval viendra plus facilement dans cette position lors du travail monté.
Apprendre la descente d’encolure à son cheval en longe sans enrênement :
Le principe d’apprentissage d’un exercice ou d’un mouvement au cheval est toujours le même, vous mettez un cadre de travail simple et clair pour le cheval et vous cessez toute sollicitation lorsque le cheval vous donne la réponse souhaitée. Le niveau de réponse doit être adapté au niveau d’éducation de votre cheval. On ne va pas exiger 10 tours de cercles l'encolure abaissée pour un cheval qui débute dans cet apprentissage.
Pour débuter l’apprentissage de la descente d’encolure nous vous conseillons de travailler le cheval dans un rond de longe ou de délimiter un espace restreint dans votre carrière. Cela sera plus propice à la concentration du cheval qui fera plus attention à ce que vous lui demandez.
Dans un premier temps, il est plus facile d’obtenir la descente d’encolure au trot. Installez le cheval sur un cercle au trot en contrôlant scrupuleusement le tracé et l’impulsion.
Progressivement augmentez l’incurvation de l’encolure en réduisant le diamètre du cercle. Faites quelques tours sur le petit cercle puis laissez le cheval repartir sur un plus grand cercle.
Répétez cela plusieurs fois, votre cheval va rapidement demander à descendre son encolure, dès qu’il le demande réduisez la tension dans la longe et laissez le agrandir le cercle. Au départ le cheval baissera l’encolure que sur ¼ voir ½ cercle, ce n’est pas grave il vous suffira de demander à nouveau la descente d’encolure. Au bout de quelques séances vous arriverez à faire plusieurs cercles et pourrez obtenir la descente d’encolure uniquement en demandant une incurvation de l’encolure un peu plus prononcée sur le cercle.
Exercices pour muscler le dos du cheval monté
On l’a vu au niveau biomécanique la descente d’encolure est le travail le plus propice au développement de la musculature du dos de votre cheval.
Si vous avez pris le temps d’éduquer votre cheval à la descente d’encolure en longe cela sera plus simple de l'obtenir en selle.
Encore une fois pour demander l’abaissement d’encolure nous proscrivons l’utilisation d'enrênements qui amène dans la plupart des cas à des mauvaises postures (encapuchonnement, cheval qui baisse l’encolure sans engager ses postérieurs…)
Quels sont les préalables pour une bonne descente d’encolure en selle ?
Sur un cheval qui débute dans le travail, il est d’abord important de l’éduquer à l’action des jambes et celle de la main. Cela pourra se faire à pied pour commencer. Pour les jambes il est intéressant d’apprendre au cheval à se porter en avant sur l’action d’une badine sur l’épaule par exemple. Lors des premières séances en selle il suffira d’associer l’action de la badine à celle des jambes pour que le cheval comprenne qu’il doit se porter en avant sous l’action des jambes.
Pour la main, il faut apprendre au cheval à ne pas la craindre et à se décontracter dessus. Pareillement il faut commencer par éduquer son cheval à pied à la décontraction de mâchoire suite à l’action du mors sur la commissure des lèvres.
Lorsque vous avez un cheval qui se porte en avant facilement et qui accepte de se poser sur la main, vous pouvez commencer l’apprentissage de la descente d’encolure. Pour cela il suffit de répéter le même exercice qu’à la longe. Au trot, installez le cheval sur un cercle, augmentez l’incurvation par une rêne d’ouverture et réduisez la taille du cercle. Rapidement le cheval va initier une descente d’encolure. Récompensez-le en réduisant l’incurvation et en le laissant agrandir le cercle.
Au bout de quelques séances il vous suffira d’une légère rêne d’incurvation pour obtenir la descente d’encolure.
Attention ne cherchez pas à obtenir la descente d’encolure par la force, il faut aussi veiller à ce que le cheval garde la connexion avec la main pendant le travail vers le bas et qu’il engage ses postérieurs. Essayez de sentir le dos monter, vous devez avoir le sentiment que le cheval vous porte avec facilité sans se précipiter vers l’avant.
Le travail en descente d’encolure doit être pratiqué au quotidien pour développer et entretenir les muscles du dos de votre cheval. Mais il ne faut pas tomber dans l’excès et aussi travailler son cheval avec une attitude plus haute pour petit à petit rechercher un report de poids sur l’arrière main et un cheval disponible et équilibré.
Impact de l’équipement sur la musculation du dos du cheval
Lors du travail monté, le tapis de selle, l’amortisseur et la selle sont l’interface entre le cheval et son cavalier. Si vous souhaitez obtenir une musculature harmonieuse du dos de votre cheval, l’équipement ne doit pas entraver ses mouvements ni créer de surpressions.
Préserver les muscles du dos du cheval
Votre équipement est en contact direct avec les différents muscles du dos : Muscles Peauciers, M. Trapèze thoracique, M. Grand dorsal, Masse commune (M. épineux, longissimus et ilio-costal) et fascia thoraco-lombaire qui enveloppe toute la masse commune depuis l’encolure jusqu’au bassin. La sangle quant à elle sera en contact avec les M. Pectoraux.
On comprend donc que le poids du cavalier doit être réparti de la façon la plus homogène sur ces muscles. Si la selle est mal adaptée au dos du cheval, il est évident que les contraintes exercées sur ces différents muscles n’aideront pas le cheval à se muscler et à travailler au mieux à porter le cavalier.
Il faut également faire attention à la fermeté des matelassures de la selle, qui ne doivent pas être trop fermes pour les muscles du dos (Nous avons traité de la qualité des matelassures dans un autre article)
Ne pas blesser les éléments ostéo-cartilagineux et ligamentaires du dos du cheval
Si l’on résume la selle et par extension le tapis de selle et l’amortisseur doivent permettre de répartir confortablement le poids du cavalier sur les muscles du dos du cheval. Mais ces équipements ne doivent pas causer de lésions sur les éléments ostéo-cartilagineux ( scapula, cartilage du garrot) et sur les différents ligaments du dos (nuchal et supra-épineux).
On peut provoquer des lésions au niveau de la scapula lorsque l’on place la selle trop en avant. La scapula en reculant viendra frotter contre la patte d’arçon (partie rigide en bois ou composite). On recommande donc de placer la selle de telle sorte que la patte d’arçon soit placée au minimum à 2 doigts derrière la scapula. S’il est impossible de reculer la selle, par exemple sur les chevaux avec un dos très court et ou avec une épaule très oblique et massive, il faudra trouver un compromis pour protéger la scapula, un amortisseur sur mesure pourra être intéressant.
Il faut également éviter la compression des ligaments nuchal et supra-épineux. Qui permettent l’ouverture des apophyses épineuses des vertèbres thoraciques en flexion soulageant les fameux « kissing spines » ou conflit des apophyses
Pour éviter des lésions sur ces ligaments il faut faire attention à la gouttière de la selle et à l’angulation des panneaux par rapport à la forme du dos de votre cheval. Par exemple sur un cheval très fin avec un dos anguleux, une gouttière large avec des panneaux implantés avec un angle ouvert ne sera pas adaptée.
Il n’y a pas de matériel miracle, l'important est de choisir son matériel en connaissance de cause et par rapport à la morphologie de son cheval.
Par contre concernant les tapis et amortisseurs, il y a des impératifs à respecter pour ne pas créer de lésions sur les ligaments du dos. Il faut un tapis dont la forme ne vienne pas créer de frottement le long de la colonne vertébrale. Et pour l’amortisseur il faut qu’il ait une bonne gouttière qui puisse rentrer facilement dans la gouttière de la selle.
Éviter les compressions nerveuses pour ne pas perturber le proprioception du cheval
L’innervation sous la selle est également un élément à ne pas mettre de côté. Les rameaux nerveux des nerfs thoraciques intercostaux dorsaux s’arborisent après avoir traversés le fascia thoraco-lombaire. S’il y a compression nerveuse à cause d’une mauvaise répartition des pressions, c’est la proprioception qui sera perturbée en premier (contracture réflexe des muscles sous-jacent = modification du geste = réactions en chaîne = aggravation de l’hypertonie locale = mouvement algique)
On vient de le voir, l’équipement a un impact direct sur le physique du cheval dans la suite de cet article nous vous présentons des pistes de réflexions pour choisir votre matériel en fonction de la morphologie de votre cheval
Choix d’un tapis de selle ergonomique
Le tapis de selle est le premier équipement en contact avec le dos de votre cheval. Pour la partie du tapis directement en contact avec le cheval, il est intéressant de choisir un tissu naturel pour éviter les allergies. La forme du tapis est aussi à prendre en compte, il faut que la courbure du tapis soit le plus en adéquation avec le profil de la ligne de dos de votre cheval.
Notre concept dans la fabrication de tapis de selle sur mesure et de faire varier la forme du tapis à partir du point le plus bas du dos du cheval. Ce point de départ est adapté en fonction de la conformation de dos. A partir de ce point nous faisons varier l’angulation avant et arrière pour suivre au mieux la ligne de dos.
Nous nous sommes rendu compte qu’il n’y a pas de forme universelle, il faut l’adapter à la courbure du dos du cheval.
Les photos ci-dessous présentent des essais que nous avons fait avec nos tapis hypoallergéniques Cavalier Responsable.
Les 2 photos ci-dessus présentent le même tapis qui a été essayé à 2 chevaux avec des profils de dos différents (lavage entre les 2 essais). A gauche les marques de transpiration sont correctes, on voit que la colonne vertébrale est bien dégagée. A droite il y a un frottement sur la partie arrière du tapis. L’angulation arrière de ce tapis n’est pas assez importante pour ce cheval.
Sur la photo ci-contre, on voit que c’est l’angulation avant du tapis qui n’est pas assez importante par rapport à la ligne de dos du cheval. Il y a ici un frottement au niveau du garrot.
Choix d’une selle et d’un amortisseur de dos adapté
Dans notre approche de l'équipement, le choix de l’amortisseur est automatiquement corrélé à la selle et au dos du cheval.
En ce qui concerne l’adaptation de la selle nous vous conseillons de lire notre article Saddle Fitting : nos conseils pour vérifier l'adaptation de sa selle . Vous trouverez dans cet article les notions de base et les principaux problèmes d’adaptation ayant un impact direct sur le dos de votre cheval.
L’utilisation d’un amortisseur de dos a de multiples avantages, cela apporte un amorti et du confort supplémentaire à votre cheval, cela permet d’augmenter la durée de vie des matelassures de votre selle et cela permet aussi de corriger une selle pour l’adapter au dos du cheval.
Pour un résultat optimal, l'amortisseur doit être choisi en connaissance de cause. Il n’y a pas un modèle magique qui s’adapte à toutes les situations. Il faut choisir au cas par cas.
Premier cas de figure : La selle adaptée
Vous disposez d’une selle parfaitement adaptée à votre cheval et qui lui laisse une parfaite liberté de mouvement. Dans ce cas, l'amortisseur doit uniquement apporter un amorti et un confort supplémentaire pour le cheval.
L’amortisseur devra donc être fin et neutre au niveau de son équilibrage pour ne pas changer les réglages de la selle. Il doit absolument disposer d’une vraie gouttière qui pourra si besoin remonter dans la gouttière de la selle. Il devra être adapté à la surface des panneaux de votre selle, l’objectif étant de ne pas réduire la surface de contact avec le dos.
Sur la photo ci-contre bel exemple d’un tapis de selle et d’un amortisseur ergonomique (ici notre modèle anatomique close contact) qui se glissent parfaitement dans la gouttière de la selle pour dégager la colonne vertébrale
Second cas de figure : la selle qui a besoin d’une correction
Dans la pratique la selle est rarement parfaitement adaptée au cheval, cela pour plusieurs raisons : quand le cavalier n’a qu’une selle pour plusieurs chevaux ; quand la selle n’a pas été pensée pour le cheval en question (achat d’occasion) ; quand le cheval a évolué dans son physique ou que tout simplement il a une morphologie de dos atypique. Le concept des amortisseurs Cavalier Responsable est de permettre d'adapter la selle au dos du cheval par la forme, l’épaisseur et l’équilibrage de l’amortisseur.
Sur la photo ci-contre un exemple de selle avec une arcade trop large par rapport au dos du cheval. Dans ce cas le bas du panneau avant n’est pas en contact avec le cheval, une fois le cavalier en selle la portance va se faire uniquement sur le haut du panneau. Il y aura donc un problème de surpression sur les côtés du garrot et les muscles trapèzes. Pour corriger ce problème nous avons fait un amortisseur qui redonne de la portance au bas du panneau pour que la selle ne porte pas uniquement sur la partie haute du garrot.
Conclusion
On a vu que le dos du cheval est un organe clé dont la bonne gestion assurera une équitation performante et durable. En effet le dos, véritable pont thoracique tend à devenir concave sous le poids selle-cavalier. Cela implique la compression des articulations synoviales inter-vertébrales, la traction du ligament longitudinal ventral, des pincements des ligaments inter-épineux.
Le cheval pour préserver son capital physique doit donc être préparé à porter son cavalier. Comme on l’a vu dans cet article, la descente d’encolure est un outil essentiel et quotidien du cavalier responsable.
Le cavalier doit bien connaître la morphologie de son cheval pour faire des choix de matériel éclairé. Sur la zone à seller de son cheval, la surface d’appui doit être la plus large possible afin de diminuer la charge par unité de longueur. Pour information : une étude montre que des douleurs musculaires sont présentes lorsque le ratio poids du cavalier/cheval est supérieur à 15%.
Une meilleure répartition des pressions favorise une meilleure mobilité du dos sous la selle. Les amplitudes angulaires du rachis avec un équipement adapté dit « de confort » se rapprochent davantage de celles mesurées sans cavalier.
Pour aller plus loin :
Découvrez les stages GO PERF & VET organisés par le Dr vétérinaire Elia Gorce ainsi que son site internet --> lien vers le site web
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Sources :
Images, schémas, citations issues des livres de J.M Denoix “Approche de la kinésithérapie du cheval” et “Biomécanique et gymnastique du cheval
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